[ RP Privé - Angiela & Night ] Sous les promesses d'une allégeance éternelle

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Dès le début de la journée, Angie c'était réveillé, avait déjeuné et c'était préparé. Les coutumes de la nouvelle princesse n'était pas encore le point fort de la petite albinos qui vivait auparavant dans un village avec ses habitants, fermiers et mineurs. Depuis un moment toute ses journées se ressemblaient ; cours de musique - violon et piano, partie d'échec et moment thé avec son frère, cours sur la langue elfique et sur les régions magiques, ainsi que les diverses royaumes, etc. Cependant, c'était le premier matin depuis bientôt 4 mois que Zamatry n'avait pas montrer le bout de son nez.

S'est caché derrière l'une des portes de bois que la petite Legna observait la scène qui se déroulait sous ses yeux. Elle avait finit par retrouver Son frère. Celui n'étant pas seul, il était accompagné de ses quelques ministres, son chef de guerre ainsi que le prêtre du village nordique en plus d'un inconnu qui était arrivé un peu plutôt dans la journée et qui avait chamboulé la routine de la princesse. Depuis son arrivé dans le pays, l'attention de son frère, le peuple et tout le personnel du château n'était rivé que sur elle, mais dès lors que cet homme avait mis les pieds sur le marbre froid du manoir Legniens, son frère n'avait pas donné une minute de son attention à Angie, même pas un bonjour. Angie avait finit par savoir, auprès des curieux qui parlaient d'une certaine cérémonie, que Zamatry, le roi, avait fait une alliance avec une famille voisine. Un garçon pratiquement aussi vieux, que le roi, serait venu prêter allégeance à la famille.

Étant depuis peu dans la région, les coutumes royales et religieuses n'étaient pas ce qu'Angie savait et comprenait le plus. Elle avait cependant exploré le manoir et découvert quelques chemins et quelques passages secrets empruntés par les femmes de chambres et les majordomes. Comme l'accès vers les sous-sols étaient strictement interdit durant la cérémonie et que Angie ne pouvait retenir sa curiosité, elle en avait profité pour utiliser ses dernières connaissances.

Zamatry se tenait face à l'homme, la discussion était peu audible, mais assez pour en comprendre quelques mots... ''Allégeance, protection... Soutients... Famille... Angiela''

''Angiela''?! Sous un petit gémissement de questionnement, la petite albinos qui ne devait pas avoir plus de 16 ans, plaqua ses mains sur ses lèvres et recula doucement. Elle espérait qu'ils ne l'avaient pas entendu et également qu'ils ne l’avaient pas vu. il fallait dire que la porte était entre-ouverte, mais dans l'angle qu'elle était positionné, ils ne devaient pas, normalement, l'avoir remarqué.

Après un instant à surveiller le silence et espéré que personne n'approche et ne vienne à sa rencontre, la petite se rapprocha à nouveau et écouta la conversation. Elle se demandait pourquoi il y avait cet homme ici ? Pourquoi son frère ne lui avait-il pas présenté ? Pourquoi occupait-il tout l'attention du manoir à l'instant ? et surtout qui était-il...

Angie se rappela l'espace d'un moment que Zam lui avait parlé des diverses familles qui étaient présente dans le royaume magique... Les noms ne lui revenaient pas en tête, mais il y avait un peu moins d'une dizaine d'entre elle. Peut-être faisait-il partit de celle-ci.

L'attente était longue et surtout qu'avec cette distance... elle avait du mal à vraiment entendre les mots du prêtre. Il faut dire qu'avec son accent russe, mais son langage elfique, les chances pour Angiela de comprendre quelques choses se rapprochait davantage du 0 que du 100.

- J'aurais peut-être dû patienter dans ma chambre...

NB: Test du "je" pour plus de piment. TROLOLOLO.

Débarquer dans un Royaume somptueux et suivre un protocole strict m'ennuyait au plus haut point. Mais l'heure était grave et il était important de montrer son sens du devoir, si tant est que j'en avais un. Tout du long, ma main jouait avec la garde d'une épée longue, fermement harnachée. Outre un signe de nervosité face à un statut que je n'avais pas spécifiquement réclamé, il s'agissait d'un tic: impossible de me séparer de cet objet. Pas dans ce monde là en tout cas. Zamatry, après avoir fait le nécessaire quant à mon arrivée - ce qui était déjà trop - avait rassemblé l'essentiel de ces sujets les plus éminents afin d'expliquer de manière officielle la situation et la nécessité de mon soutien. Loin d'être une famille de politiciens, les Elensar étaient, selon lui, suffisamment réputés et puissants pour venir en aide à la Royauté. Par principe, nous avions convenu d'un commun accord que l'engagement officiel ne se ferait qu'à mon seul nom, ce qui laisserait les autres membres de la lignée libres de toute obligation "physique".

D'un air contrit, j'entendais le Roi déblatérer sur ses attentes, ses propres devoirs et ses craintes quant aux menaces possibles. Voilà donc le fardeau des monarques: la paranoïa réelle. L'inquiétude transparaissait sur son visage. Un visage froid mais symétrique qui ne trouva une véritable expression qu'à la prononciation d'un prénom. Celui de sa soeur: Angiela. Un court instant, mes yeux cherchèrent la dite personne à travers les représentants, mais il était clair qu'aucune femme n'était présente. Pourtant il me semblait avoir perçu un bruissement vers le fond de la salle, ornée de grandes portes massives, ainsi qu'une vague odeur de rose.

Cette légère sensation fut vite esquintée par les glapissements pompeux de ce qui devait être un prêtre. Quoi que, plus important. Un Archevêque sans aucun doute, vu son accoutrement. Ce dernier tentait vainement de me rappeler l'importance spirituelle de ce que j'allais faire. La valeur d'une allégeance était donc plus puissante que celle d'un mariage ? Voilà bien les paroles d'un homme corrompu. Préférer la soumission à la suprématie plutôt que la soumission à l'amour. Je m’abstins de toute remarque désagréable quant à cette divergence d'opinion et me contentait d'hocher la tête, ne cachant toute fois pas mon désintérêt pour cet événement quelque peu théâtral. Il ne s'agissait que de mettre un pied à terre, prêter serment, se relever, signer un parchemin et répondre présent quand il le faudrait. Hormis le domaine militaire, voire politique, cela n'avait rien de bien profond. De toute manière, Zamatry savait être bon et n'était clairement pas du genre prise de tête. La loyauté des Elensar était acquise par amitié.

D'ailleurs, en parlant de protéger...veuillez m'excuser un instant.

Sans autorisation, je tournai les talons vers ce qui me turlupinait. Si l'ouïe pouvait me tromper dans un lieu bondé, mon odorat, lui, était assez fin pour distinguer les parfums émanant dans la pièce. J'ouvris légèrement la porte pour me faufiler dans l'entrebaîllement et me retrouvait face à...

Une gamine. Je la scrutais de haut en bas et compris, à la couleur de ses cheveux et de ses yeux qu'il ne pouvait s'agir que de la cadette Legna.

Je ne suis pas certain qu'écouter aux portes soit digne d'une Princesse.
Votre frère ne vous a pas appris les bonnes manières ?

Si le ton pouvait paraître ferme, j'essayais tout de même d'atténuer cette "agression" par un sourire enjôleur. Mieux valait être en bon terme avec cette demoiselle...qui me semblait d'ailleurs plutôt frêle. Une jeune adolescente encore.

Que diriez-vous de nous rejoindre plutôt que de rester là ? dis-je en croisant les bras d'un air à la fois moqueur et bienveillant - mélange atypique.

Elle devait apprendre à ne pas avoir peur d'imposer sa présence avec fermeté et élégance, c'est ainsi que l'on devenait reine.

Sur ses gardes et pourtant prise au dépourvu par l'individu qui s'avançait vers sa cachette. La cadette Legna avait à peine eut le temps de se retourner pour fuir que la porte s'était ouverte sur elle alors qu'elle n'avait même pas fait un pas. Se retournant doucement pour faire face à l'homme, elle rejoint les mains dans le dos, les yeux fixant le sol comme un chiot qu'on avait surpris à faire des bêtises. Incapable de prononcer quoi que ce soit, elle se mordit les lèvres d'inquiétudes face à ce que son frère allait dire lorsqu'il verrait son minois à travers la porte.

Je ne suis pas certain qu'écouter aux portes soit digne d'une Princesse.
Votre frère ne vous a pas appris les bonnes manières ?

Redressant doucement la tête pour confronter le regard de son interlocuteur, elle murmurait doucement quelques paroles presque inaudible.

- Je n'écoute pas aux portes... J'observais.

Il était encore difficile pour elle de connaître les ''bonnes manières'' comme il disait. Son arrivé dans les lieux étaient encore trop ressent, elle préférait donc ignorer la deuxième remarques. Bien qu'en temps normal, le caractère explosif de cette dernière aurait prit le dessus pour démontrer davantage d'arrogance, son frère lui avait fortement recommandé de cesser ce comportement et que ce n'était pas digne d'une princesse. Elle travaillait fort pour contrôler son caractère entant que princesse. Elle ne voulait pas faire honte à sa patrie, fraîchement nouvelle.

Que diriez-vous de nous rejoindre plutôt que de rester là ?

Tentant de reprendre un peu de crédibilité, elle se râcla la gorge avant de s'adresser d'une manière un peu plus classique à celui-ci.

- Je ne crois pas, monsieur, que ma présence soit nécessaire. Cet cérémonie est en votre honneur. Pardonnez moi de vous avoir dérangé dans un moment aussi important.

Faisant une courte révérence pour s'excuser, elle s'avança un peu pour confronter le regard de son frère, qui par le son de sa voix, s'était surement douté de sa présence. Après un regard démontrant ses excuses, elle fit de même qu'avec l'autre homme et fit une courte révérence au roi et ses invités. Zamatry qui était pourtant le roi des glaces et le frère de celle-ci, fit un signe de la tête et un sourire à sa soeur cadette avant de la laisser quitter les lieux.

Elle se retourna et croisa à nouveau le regard bleu de l'homme, sa curiosité la fit hésité un moment, s'arrêtant devant lui et l'observant. Une chose étrange la titillait. De ses doigts fins et blanc, elle les approcha doucement de son visage avant d'être interrompu par le toussotement de son frère qui l'interrompit.

- Pardon.

Elle reprit sa main, en observant une dernière fois les yeux bleu de l'homme et quitta la salle en courant dans les couloirs en tenant sa robe comme dans les films pour ne pas trébucher dessus. Elle finit sa course en haut des escaliers, se tenant après une colonne et regarda le sol. Si seulement son frère ne lui avait pas empêcher de le toucher, elle aurait pu savoir de qui il s'agissait. Il avait surement deviné que c'était ce qu'elle voulait faire et voulait attendre le repas du soir pour le lui présenter. Elle grogna sans regret et frappa du poing le mur.

- Il m'énerve, il m'énerve, il m'énerve !!!

Angie finit par lâcher un soupire et se rendit à l'évidence qu'elle ne pourrait rien faire avant l'heure du diner. Elle se rendit à sa chambre, farfouiller dans ses livres d'histoires pour tenter de trouver une quelconque informations.

La petite espionne semblait de toute évidence décontenancée d’avoir été prise ainsi sur le fait. Dans son dos, Night pouvait sentir le regard du Roi, soutenu par ceux des autres convives, certainement intrigués par tout ce qui se tramait dans l’entrebâillure de la porte. Cependant, à travers cette pression de convenance, le loup repérait un lien complice qui unissait le frère et la sœur, à peine perceptible, mais pourtant bien présent malgré les éventuelles remontrances protocolaires nécessaires.

« Je n’écoute pas aux portes, j’observais.

Il voulut bien la croire : son visage poupin suintait l’innocence. Il en profita d’ailleurs pour observer le physique de la jeune fille avec plus d’attention - oh, sans arrière-pensée. Il n’aimait pas les cheveux clairs, en particulier sur la gente féminine. Néanmoins, le lycanthrope devait admettre que si la puberté faisait son œuvre naturellement, elle ferait des merveilles sur la jeune Legna. Elle pourrait remercier la génétique !

- Je ne crois pas, monsieur, que ma présence soit nécessaire, reprit-elle avec formalité. Cette cérémonie est en votre honneur. Pardonnez-moi de vous avoir dérangé dans un moment aussi important.

L’air penaud d’Angiela - ? Oui, Angiela, c’est cela - attrista quelque peu Night qui, il faut bien l’avouer, était clairement plus intéressé par une affaire de « pseudo-espionnage interne » que par une allégeance en grande pompe ! Non pas qu’il reconsidérait soudainement le serment qu’il s’apprêtait à rendre, mais tout cet enchaînement de règles de conduite avait peu à peu raison de sa fière motivation de la veille. Pourtant, il avait juré fidélité et protection à Zamatry en catamini : bref, entre quatre yeux, d’homme à homme, enfin, d’ange noir à loup. Ce n’était-il pas suffisant ? Non, bien sûr, on exigeait encore la prosternation.

- Pardon, répéta encore la petite voix cristalline de la cadette.

Cette dernière venait d’esquisser un geste vers le visage carré de Night avant de se raviser, soudainement gênée ( ?), et de perdre définitivement ses moyens. Elle prît la fuite vers ce qui devait être les appartements royaux. Les couloirs étant d’une longueur insensée, propice à l’écho (sans compter l’ouïe fine de l’animal), il pût entendre grommeler, exprimant ainsi une frustration dont il avait bien du mal à comprendre l’origine. Sans doute n’avait-elle pas réussi à capter les informations qu’elle voulait ?

Sous les regards torves et insistants des conseillers et autres personnes aux titres ronflants, Night sentit la nécessité de ne pas montrer que sa curiosité avait été piquée à vif. En effet, rares étaient les femmes qui s’autorisaient de telles familiarités...enfin...les plus jeunes du moins. Il se redressa avec aplomb, plus ou moins prêt à retourner à son service. Presque comme un militaire, il tourna les talons et referma la porte avec l’élégance et la discrétion d’un majordome expérimenté, pour finalement marcher d’un pas sûr - voire arrogant pour certains spectateurs - vers sa place initiale : face au Roi, entouré d’autres sujets éminents.

- Elle a ton tempérament. » Fit-il simplement, accompagné d’un sourire narquois, dans le but de clore le sujet.

S’agissait-il alors d’une moquerie ou d’un compliment ? Le grand brun avait conscience que sous les traits blanchâtres et crispés du suzerain, il y avait eu autrefois un jeune garçon plein de fraîcheur - c’est d’ailleurs pour cela qu’ils étaient devenus amis, pas proches évidemment mais suffisamment pour que chacun ait connaissance d’un certain nombre de traits de caractère bien précis. L’aîné au sang bleu était à peine moins âgé que Night... Enfin, en apparence.

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L’heure du dîner approchait. Le cérémonial (enfin terminé) avait consisté en une série de blabla traditionnels : tout d’abord il avait lu et signer un parchemin à rallonge qui fut contresigné par le Roi dans un premier temps, puis par ses conseillers proches en guise d’approbation. Tous relisant les textes écrits dans une calligraphie impeccable. Ce « contrat » fût scellé par les sceaux de la famille Legna - un corbeau dans une cire d’un bleu de Prusse d’une rare intensité - et de la famille Elensar - un loup cacheté dans une cire noire.
Puis, on avait amené Night dans l chapelle du Palais afin de réciter, pied à terre et épée sur l’épaule (un peu comme un adoubement dans le monde des humains), son éternelle fidélité à la maison royale. Le fameux « JURAMENTO ». Après cela, ce fut un lâché de discussions à travers les couloirs sinueux du château : les humains et leur désir obsessionnel (pour certains seulement) d’éradiquer la magie, l’importance d’unir les peuples...

Il ne restait donc que quelques heures au lycanthrope pour passer encore un peu de temps avec ses hôtes. Il passerait la nuit ici, évidemment, mais repartirait au petit matin. Pour éviter les dizaines de minutes de mondanités restantes, il demanda l’autorisation d’escorter la jeune intruse de tout à l’heure. Le grand frère adoré de cette dernière accepta avec bonté (ou pitié, allez savoir).

D’un pas nonchalant, comme à son habitude, il longea les corridors du pavillon. Le genre de corridor d’ailleurs dont en voit jamais le bout...et où se demande bien ce qu’il y a derrière chaque porte. Des chambres en l’occurrence ? Il y aurait de quoi loger toutes les familles de nobles, en allant du premier ancêtre jusqu’au dernier descendant. Heureusement, Zamatry eût l’extrême obligeance de lui indiquer le chemin... Dans le pire des cas, Night pensait se fier aux nombres de gardes qu’il y avait à chaque détour de couloir. Plus il y en avait, plus il touchait supposément au but non ? De fait, lorsqu’il constata que deux gardes surveillaient les lieux de part et d’autre d’une porte massive, il comprit qu’il n’avait pas fait fausse route.
D’un air enjôleur et taquin, il les toisa un peu.

« Salut les gars ! Je vous la ramène de bonne heure, promis ! balança-t-il avec un grand sourire enfantin fiché sur le visage.

Le plus balèze des quatre soldats souleva un sourcil et grogna, sans pour autant bouger ou manifester clairement son mépris.

Prestement, Night se ressaisit et toqua à la porte.

- Mademoiselle Legna ? »

D'un livre sur l'histoire, l'éthique, la politique, la religion, les coutumes et plus encore, l'héritière Legna avait semblé divagué plus loin dans ses recherches que prévus. Elle avait découvert sous quel nom leur invité était. Un Elensar, descendant d'une famille de loup, plus précisément des lycanthropes. Comme c'était la première fois qu'elle rencontrait une personne de cet espèce, elle voulait en connaître davantage sur la lycanthropie. Passant de ce sujet à plusieurs, elle en apprit sur les différentes familles métamorphes, et également sur les polymorphes, des individus pouvant prendre plus d'une formes. C'était rare qu'une chose l'impressionnait autant. Les sujets finissaient même par se croiser, parlant d'espèce croiser, des mi-humains, mi-créatures magiques. Des êtres aux pouvoirs magiques et à l'apparence croisées avec un autre espèce. Un peu ce qu'elle était. Une cryomancienne, ange déchu et ... une source inconnu. Elle posa sa main sur l'un des bouquins, elle était rendu là, partant d'une simple curiosité concernant le nom d'un homme, à la recherche d'identité personnel. Et pourtant, c'était la pièce manquante du puzzle. Elle en avait tant à apprendre sur ce monde. Elle se retourna un moment, constatant l'état de sa chambre... L'état de sa chambre... Il y avait des bouquins à perte de vus, des cartes, des arbres généalogiques, elle avait fait une pagaille pas possible avec sa recherche.

- J'en connait une qui ne sera pas contente...

Faisant référence à la gouvernante qui faisait le ménage de sa chambre, elle risquerait d'y faire une crise cardiaque. Dans un rire presque adorable, elle déposa le dernier livre qu'elle avait en main sur sa table de chevet et regarda l'heure sur l'horloge. Bientôt 19h30, elle avait le temps de piquer un somme avant le repas. Retirant ses chaussures, détachant ses cheveux qui tombèrent comme une cascade dans son dos et déboutonnant le haut de son chemisier, elle se laissa tomber sur le dos contre son immense lit. Couchée parmi les livres, elle finit par s'y endormir un moment.

Somnolant dans un monde de rêves, de cauchemars, de souvenirs et d'imaginations, elle se laissa ensevelir par cet univers farfelus. Les images qui traversaient son esprit quand elle dormait était toujours les mêmes, une guerre, un champ de rose bleu, de la neige, ou une prison. Cette fois, son rêve se termina sous les regards bleus d'un loup courant à travers une forêt enneigée. Le loup courrait, alors que l'espace derrière lui s'assombrissait et se détruisait, elle tentait de hurler, mais rien ne sortait. Sa gorge était nouée et ses mains en sang, elle tomba à genou au sol, en voyant toujours le loup courir vers elle, dans un bruit sourd quelques choses brisa le silence. Son prénom... Son prénom hurlé et le bruit d'une arme à feu.

Le bruit de l'horloge près du lit sonna 20h. Angie ouvrit les yeux doucement et regarda l'horloge. Il n'y avait que 30 minutes qui s'étaient écoulés. La petite Legna se redressa en se frottant les yeux. Les histoires qu'elle avait lu lui avait fait perdre la tête et lui faisait faire des rêves étranges. Assise sur le bord du lit, la tête fixant ses petits pieds au sol, elle tenta de se remémorer les instants de son rêve. Cette voix, elle n'était pas capable de l'identifier... Son frère le lui avait dit, prend au sérieux tes rêves et analyse les. Avec ses pouvoirs télépathiques et les visions qu'elle avaient, elle ne pouvait ignorer ce genre d'incident. Perdu un instant dans ses pensées, des bruits derrière la porte attira son attention.

- Mademoiselle Legna ?

C'était son majordome ? Non, cette voix était plus prononcé. L'homme de plutôt ? Bien certainement. Peut-être venait-il l'a cherché pour le repas.

- Vous pouvez entrer.

Elle redressa sa tête, croisant le bout de ses pieds et d'un geste habile et rapide, emplis d'un peu de stress, attacha son chemisier qui aurait laissé démontré le cheminement vers la phase adulte qu'elle vivait tranquillement.

La réponse fut presque immédiate, évitant ainsi au lycanthrope l’un de ces flottements gênants survenant après une boutade où il avait la mauvaise habitude d’y placer sa fierté.

« Vous pouvez entrer, déclara une voix aristocratique et basse.

Night leva la main et la secoua, tout sourire, pour taquiner une dernière fois le garde aux proportions gargantuesques, tel un enfant insupportable - typiquement celui qui a fait une bêtise mais qui finira par se faire cajoler plutôt que gronder.
D’un mouvement basique du poignet, il ouvrit la porte et s’engouffra dans la pièce. Il s’attendait à y découvrir l’antre glacial d’une petite fille (un peu comme dans le film Entretien avec un vampire, qu’il découvrira des siècles plus tard). Le genre de chambre drapée de broderies et décorées avec des poupées de porcelaines à chaque recoin, en particulier sur le lit, histoire de rendre l’atmosphère pesante et glauque au possible. Brrr... A la bonne heure ! Il n’en fut rien ! Même les anges noirs de Russie et leur vénérable prestance sibérienne étaient capable d’investir des lieux et de les orner avec goût pour favoriser accueil et confort. A la place des jouets tant redoutés, le loup repéra des livres : intérieurement, il se moqua de lui-même, la jeune Legna avait 16 ans voyons ! Âge gracieux marquant le mariage de toute Princesse Disney qui se respecte ! Ahem. Non, vraiment, à cet âge, elle avait d’autres occupations que la dînette, quel soulagement. Et puis s’il n’aimait définitivement pas ses manières (même s’il les trouvait amusantes en temps d’ennui mortel), il n’aimait pas non plus ses cheveux clairs - quoi que sans doute soyeux. Il devait tout de même se résoudre à apprécier l’esprit nourrit de lecture qu’elle cachait pour, comme toutes les femmes de cette époque, dissimuler son intelligence et ne pas attirer les foudres de jalousies et d’égo mal placés chez les homologues masculins. Néanmoins, aux yeux de Night, il n’y avait que les petites filles pour écouter (non pardon, observer) aux portes. Oh, il ne faut pas lui en vouloir : né au Moyen-Âge, ses idées, loin d’être machistes et démodées, étaient quand même bien arrêtées sur certains points. Malgré tout, faire preuve d’indulgence serait peut-être plus avisé. Il ne la connaissait ni d’Eve ni d’Adam et les jugements hâtifs reflétaient souvent le mépris ou la méconnaissance déplorables du « sexe faible » - qualificatif Ô combien justifié selon certains mais Ô combien détestable pour le nouvel allié de cette jeune personne.

- Mademoiselle Legna, commença-t-il solennellement. Je viens vous signaler le dîner. J’ai également pensé vous escorter afin de faire plus ample connaissance de cette manière, qui je l’espère, sera plus à votre goût que des messes-basses derrière une porte...continua-t-il avec calme.

L’incident avait été un rafraichissement mais il avait horreur de ne pas maîtriser la situation lorsqu’il rencontrait l’une de ses comparses, se rendant coupable d’un air hautain mal calibré. Outre le fait qu’il ne pouvait s’empêcher d’ajouter une pointe de séduction dans tous ses échanges, il lui semblait primordial de paraître à l’aise afin que sa partenaire le soit aussi. Ce principe, tiré par les cheveux pour qui ne cherchait pas plus loin dans le lien physique-esprit, lui avait été inculqué très jeune, lors d’un voyage (comprenez migration forcée d’un loup solitaire) à Vienne, dans le monde amer des humains. A la cour, certains mécènes voulaient intégrer une nouvelle danse qu’ils nommaient « waltz ». Sauf qu’elle fut interdite aussitôt : l’Eglise, présente partout, estima que la proximité entre les êtres incitait à la « lust », « luxuria » en latin, l’un des sept péchés capitaux qui vous assurait un accès direct aux bouches ardentes de l’Enfer. Quoi qu’il en soit, cette pratique artistique nécessitait un savoir-faire millimétré pour l’homme qui, selon les feus professeurs, permettait l’érection de la beauté féminine. C’est ainsi que Night - jeune naïf romantique - avait retenu la leçon et l’appliquait plus ou moins (plus moins que plus) de la manière la plus étrange qui soit.

- Toutefois, si vous souhaitez nous rejoindre plus tard, sans ma compagnie, je m’acquitterais sans broncher d’y aller seul. fit-il en se remémorant à quel point il a pu paraître un tantinet désagréable à la réprimander - certes avec discrétion, mais tout de même - devant des invités.

Par ailleurs, il venait également de constater qu’Angiela venait de sortir d’un sommeil dont il ne parvint pas à déterminer la durée... En effet, si la demoiselle avait pris soin de s’arranger, certains symptômes ne trompaient guère : yeux légèrement cernés/voilés, cheveux en bataille, chemisier - bien que fermé (heureusement pour la bienséance) - débraillé...et une tâche de bave - déduit-il - sur le livre ouvert qu’elle avait dévoré il n’y a pas si longtemps...

Le loup toussota en portant son poing à ses lèvres et referma la porte derrière lui. il fallait à tout prix préserver la dignité de la Belle aux Bois Dormant, même devant ses protecteurs armés.

- Que diriez-vous d’une robe à corset d’un bleu profond ? En velours idéalement ? Je suis absolument certain qu’avec votre teint naturel vous devez avoir cela dans votre garde-robe. Ou du violet. A votre convenance. »

Après tout, il n’y connaissait pas grand-chose en mode. Lui-même était vêtu de couleurs somme toute sobres : une chemise blanche aux manches bouffantes, un pourpoint en velours pourpre, un pantalon et des bottes hautes noirs. Tenue qu’il arborait très rarement car elle lui était incommode. Bien que son rang aurait dû - normalement - lui en faire porter tous les jours de déguisement pareil !
Il n’empêche ! Généralement, Night était de bons conseils : il avait ce qu’on appelle le goût de l’esthétisme et sauf exception, il visualisait assez bien ce qui pouvait sied à une dame, sans avoir la prétention de l’exprimer publiquement (chose rare).

Evidemment, il n’espérait pas que ses conseils (ou ordres finement transmis) soient suivis et exécutés à la lettre; simplement, il était préférable pour la sœur du Souverain des Royaumes (Zamatry Legna en l’occurrence) de ne pas se faire repérer davantage. Une fois par jour, c’était plus que suffisant !

Quand elle vit le visage et la carrure de l'homme traverser le cadre de porte, elle ne pu que faire que de se redresser droite et imposer une certaine posture, plus élégante. Dans un léger toussotement, elle balaya rapidement du regard les arrondissements pour espérer n'y trouver rien de gênant ou encombrant. Oui elle était dans la fleur de l'âge de la connaissance du plaisir et de la chaire, mais à une époque comme la sienne, les accessoires qui seront créer un jour par les joies de la technologie, n'étaient pas encore apparus et encore moins accepté. Une femme ne pouvait s'offrir un plaisir solitaire et se devait avant tout de penser à la joie et la progéniture qu'un homme souhaitait avoir, et par homme elle parlait bien d'un mari. Il était complètement fou et impossible de parler de sexe sans mariage, bien que la cadette Legna n'était toujours pas familière avec les coutumes royales qui était un de peu plus complexe. Bien qu'elle n'adhérait pas du tout à cette méthode de pensé... Les femmes avaient autant le droit que les hommes de tirer plaisirs des petites jouissances de la vie, comme les grandes.

M'enfin, la chambre ne semblait pas démontrer quoi que ce soit d'alertant, mise à pars la douzaine de livre qui gisait ça et là, démontrant l'intérêt intellectuel de la petite.

- Mademoiselle Legna. Je viens vous signaler le dîner. J’ai également pensé vous escorter afin de faire plus ample connaissance de cette manière, qui je l’espère, sera plus à votre goût que des messes-basses derrière une porte...

Dans un sourire et d'un revers de la main rapide en constatent qu'il semblait avoir aperçu quelques choses sur son visage, elle s'empressa d'enfiler ses bottes maladroitement. Elle avait presque zappé l'heure du repas et il est clair que Zamatry n'aurait pas apprécié son absence... Encore moins après les événements de cet après midi.

- Toutefois, si vous souhaitez nous rejoindre plus tard, sans ma compagnie, je m’acquitterais sans broncher d’y aller seul.
- Non ne vous en faites pas, il faut simplement que j'enfile...

- Que diriez-vous d’une robe à corset d’un bleu profond ? En velours idéalement ? Je suis absolument certain qu’avec votre teint naturel vous devez avoir cela dans votre garde-robe. Ou du violet. A votre convenance.

C'était comme s'il avait lu dans ses pensées. Elle redressa la tête pour croiser son regard à nouveau. Il était surprenant, elle cherchait à quelques parts dans les souvenirs de ses lectures si cet famille Elensar n'avait pas des dons de voyances ou de télékinésie, mais rien ne semblait effleuré son esprit.

- Vous savez lire dans les esprits, Monsieur Elensar ?

Et oui, la charmante princesse profita de cette interrogation pour y glisser le nom de son nouveau camarade. Elle aurait aimé jouer un peu plus long sur le savoir qu'elle avait apprit dans ses livres et le bombarder de questions, mais les temps auraient peut-être été trop court, puisqu'elle était déjà attendu en salle à manger.

Laissant claquer ses talons contre le parquet froid, elle dirigea vers deux grandes portes, cachant derrière leurs ornements et leurs moulures en bois, la garde robe de mademoiselle.

- Est-ce que tout les loups dans votre famille on ce pouvoir ? Ou trouvez-vous simplement que ma robe manque d'assurance pour un repas protocolaire en votre honneur ?

Dans un sourire un peu taquin, elle laissa dépasser son visage et son épaule dénudé du cadre de porte. Elle n'était pas aussi sérieuse que son frère, c'était peut-être les habitudes qu'elle avait gardé de son passé en tant qu'orpheline et aventurière téméraire dans le village de l'ouest. Là également où, elle y avait rencontrer son premier dragon, Electonse.

Après un moment à jurer à voix basse en russe, espérant que son invité ne l'entende pas, pour enfiler le corset de sa robe, qui fût rouge et blanche au final, elle sortie sans prêter attention à l'homme pour se diriger vers son miroir et se faire une natte longue à n'en plus finir. Merci à la longueur de ses cheveux qui étaient un peu excessive.

Le comportement presque oisif de son deuxième hôte laissa Night perplexe. Il était clair que l’avoir interrompue dans son sommeil n’avait pas chamboulée la toute jeune Legna au point qu’elle en perde ses moyens comme tout à l’heure. Il faut dire qu’ils étaient seuls, sur un territoire qu’elle maîtrisait à présent.

« Vous savez lire dans les esprits Monsieur Elensar ? Est-ce que tous les loups de votre famille ont ce pouvoir ? Ou trouvez-vous simplement que ma robe manque d’assurance pour un repas protocolaire en votre honneur ?

Le principal intéressé grimaça à l’entente du mot « Monsieur ». Il ne se sentait pas si vieux que cela. 18 ans tout juste en apparence. Un peu piqué, il suivit la voix presque despotique mais indubitablement fluette de la demoiselle avec un regard jaugeur. Elle jouait dans la cour des grands sans avoir les armes nécessaires pour le prendre par surprise : qu’elle connaisse ou non son nom de famille et sa nature ne le surprenait guère. Après tout, compte-tenu des événements et de son inclination à côtoyer les membres importants de la royauté - dont une majorité de femmes, on pouvait dire de lui qu’il était populaire, au sens simple du terme. N’importe qui était donc en mesure de fournir ces informations, qu’il s’agisse d’une personne ou d’un livre accompagné d’une dose de jugeotte.

- Je vous en prie, appelez-moi Night, s’employa-t-il à corriger immédiatement en s’inclinant comme pour formaliser une présentation.

La pudeur ne faisant pas foi devant l’attitude un brin provocatrice, il ne lâcha pas son interlocutrice du regard, même lorsqu’elle se dissimula derrière la porte de sa garde-robe pour se changer.

- En effet. Mais en réalité ce n'est pas votre robe qui manque d’assurance. reprit-il durement, répondant sans détour à la question initialement moqueuse. Pour le moment vous n’êtes qu’un petit agneau au milieu d’une meute et j’ai peur que feindre soit une tactique vouée à l’échec. Surtout que votre tempérament ne vous permet pas de tenir une seule seconde ce mauvais rôle de demi-sœur larguée en plein milieu de ce foutoir politique.

Son insolence était à maudire. Night connaissait rarement la retenue - cette fameuse expression « politiquement correct » ou le mot « diplomatie », souvent synonyme d’hypocrisie - malgré le fait qu’il s’adressait à quelqu’un dont le rang était largement supérieur au sien. Particulièrement dans ces cas-là d’ailleurs...

Lorsqu’Angiela réapparu, il constata qu’elle avait opté pour une couleur somme toute plus voyante que celles proposées : du rouge en grande majorité, accompagné de blanc çà et là. La silhouette féminine se posta devant un miroir et voilà que la princesse se mit à coiffer soigneusement ses cheveux aux éclats de lune. Un détail interpella le grand brun - jusque-là plutôt immobile : le corset de la robe était mal noué. En soi, cela n’était pas un problème majeur dans la mesure où il s’agissait davantage d’un instrument de torture compressant la poitrine et obstruant la respiration que d’un maintien du galbe mammaire, même s’il fallait avouer que la poitrine, bien remontée, ne pouvait être que mise à la vue de tous. Mais peut-on parler de mise en valeur ? Cela dépendait des femmes. Toutefois, un laçage mal fait eût vite fait d’outrer les dignitaires religieux qui y verraient sans aucun doute une incitation à la débauche, mettant à mal la réputation de la cadette et de son aîné d’un seul et même coup, devant des invités qui s’empresseraient de divulguer le scandale, aussi minime soit-il. Les êtres, s’ils ne se nourrissent pas de sang, s’abreuvent de paroles. La guerre et les ragots.

- Pour en revenir à ma famille, nous n’avons pas de pouvoirs télépathiques, reprit-il en se plaçant derrière la demoiselle pour défaire les lacets de son corsage à l’aide de quelques mouvements de doigts et du poignet habiles et rapides. Il est vrai cependant que les Elensar ont des prédispositions pour...lire dans les pensées...des femmes. rajouta-t-il encore, sourire en coin, pendant qu’il s’évertuait déjà à suivre un travail méticuleux d’enchevêtrements de cordons. Mais mes frères sont des elfes. Je suis le seul loup de la famille. En vie du moins.

La seule explication logique à ce sujet était qu’en tant qu’aîné, Night perpétuait une malédiction, deuxième façon d’hériter du gène « lupus ». Le premier étant évidemment la morsure. Quant à savoir s’il avait hérité de ces facultés par son père ou sa mère, il supposait que le « cadeau » provenait du côté paternel. Effectivement, il n’en avait jamais fait mention à ses trois frères, l’incident étant survenu avant de les avoir retrouvés : il y a de cela des décennies, période durant laquelle il était assez fou et motivé pour chercher ses origines, on l’affubla d’un tableau - un peu amoché - représentant un couple de nobles (au vu des vêtements et du prix que demandait les peintres pour de telles œuvres...). L’auteur laissa sa signature en bas à droite, à moitié calcinée. Le nom des personnes était indéchiffrable. On pouvait cependant distinguer une précision non négligeable : « Shwartzw... ...19 ». Schwartzwald 1419 peut-être ? Ce n’est qu’au moment de poser les yeux sur les principaux personnages que Night se permit de faire un lien. L’homme possédait une stature élancée et fine, camouflant pourtant une musculature fournie. Il possédait un visage carré, de longs cheveux bruns, une barbe de quelques jours bien taillée. L’élément le plus flagrant fut surtout ses yeux : leur forme...et leur couleur. Des yeux d’un bleu dit « minéral ». Ces traces avaient perdurées dans le génome des jumeaux, bien que Sun eût un bleu dit « roi » et Night, « de minuit ». Elemen et Flo avaient davantage été marqué par le physique de leur mère : corps maigrelet mais élégant, cheveux châtains et yeux clairs. La dégradation de la peinture empêchait de déterminer si la femme représentée avait les yeux verts ou gris... Respectivement, le géniteur possédait une allure droite et ferme, bien qu’on aurait pu sentir la paix qui l’habitait à poser à côté de son épouse, qui elle, paraissait douce et rêveuse. Au final, Night n’était pas prêt à plonger plus loin dans la nébuleuse familiale. Il hésita entre brûler l’objet en toile ou le cacher. La deuxième option fut celle adoptée et à présent, le tableau reposait sous un drap, au fin fond des combles d’une petite chaumière au fond des bois.

Les doigts longs et fins du loup ayant achevé leur exercice sur le vêtement de la jeune Legna, Night recula d’un pas et capta les yeux rouges à travers la glace.

- Je crois que vous êtes prête, dit-il en se retenant de compléter en déclarant qu’il valait mieux qu’elle ne s’attache pas les cheveux.

Et cette fois-ci, c’était bien une question de goût personnel. Déjà qu’il avait une sainte horreur des cheveux clairs - cette phobie s’atténuerait avec le temps, avant même qu’on ne puisse le poursuivre pour racisme envers les blondes ou décolorées - il n’appréciait pas plus que les toisons crâniennes soient entravées comme pour dompter la sauvagerie d’une mèche trop folle ou d’un épis soyeux.

- Il est plus que temps d’aller déguster ce gibier. »

Il se recula encore, se tînt droit comme un i avec prestance et tendit le bras : il n’aurait oublié la galanterie pour rien au monde.

- En effet. Mais en réalité ce n'est pas votre robe qui manque d’assurance. Pour le moment vous n’êtes qu’un petit agneau au milieu d’une meute et j’ai peur que feindre soit une tactique vouée à l’échec. Surtout que votre tempérament ne vous permet pas de tenir une seule seconde ce mauvais rôle de demi-sœur larguée en plein milieu de ce foutoir politique.

Les paroles sages de cet homme qu'elle pouvait déjà comparer à un vieux singes, restaient dans sa tête et se permettaient de rivaliser avec ses idées premières. Deux mots jouaient assez fort pour la faire grincer des dents, chose qu'elle ne laissa pas paraître bien évidemment. ''Manque d'assurance''. La maladresse n'était pas pour elle un manque d'assurance, mais tout simplement un manque de connaissance du lieux et des formules à adopter dans ce milieu. Bien sure, argumenter cette homme sur ces paroles auraient peut-être simplement empiré son cas, démontrant un côté enfantin qu'elle tentait durement de faire parti, ça et son impulsivité. Elle se contenta de répondre d'un simple râlement de gorge.

Une pique d'arrogance voulait se glisser hors de ses lèvres et comme son frère lui avait si bien dit, parfois rouler sa langue en bouche était la meilleure chose pour éviter une erreur diplomatique. La proximité du Elensar qui était dans son dos, agitant agilement les doigts contre son corset la fit sursauté. Elle n'avait pas l'habitude d'avoir un homme aussi prêt d'elle. Elle l'observait à travers la glace et posa une main à plat sur sa commode. Pour qu'un corset puisse bien tenir, il faut le serrer assez fort pour que rien ne bouge. Elle détestait cet instrument de torture qui l'empêchait de bouger et de respirer librement. Qui avait eut cet idée sadomasochiste. Relâchant un léger soubresaut, elle posa une seconde main sur la table pour se retenir. Ses long cheveux blanc glissèrent sur le côté, gâchant tout le travail qu'elle allait achevé.

Pour en revenir à ma famille, nous n’avons pas de pouvoirs télépathiques, Il est vrai cependant que les Elensar ont des prédispositions pour...lire dans les pensées...des femmes. Mais mes frères sont des elfes. Je suis le seul loup de la famille. En vie du moins.

- ... Je vois.

Elle tenta de rester poli tout en démontrant des signes d'inconfort, mais rapidement, le calvaire prit fin. Il termina agilement d'entrelacé le cordage et prit distance avant de croiser son regard dans la glace, à nouveau. Posant une main douce sur son ventre, elle se redressa et prit une longue respiration. Bon, il semblait qu'elle ne perdrait pas connaissance tant qu'elle restait debout. Pour le repas, elle irait à petite dose, il était clair qu'elle ne serait pas capable d'avaler grand chose, aux risques de ne plus pouvoir respirer du tout. Elle espérait que son frère comprendrait, ce qui était difficile à expliquer aux autres convives qui seraient présent. Elle trouverait bien le moyen.

Je crois que vous êtes prête. Il est plus que temps d’aller déguster ce gibier.

D'un sourire un tantinet coincé, elle répondit amicalement à son geste, accompagnant son bras du siens. Tant pis pour sa crinière, elle resterait avec un joli crinière de lion. C'était sa faute après tout, lui qui était venu sans s'excuser ou demander la permission, jouer dans son dos avec son corset. Après quoi, son frère lui, tentait de lui faire comprendre les bonnes manières, mais ce n'était pas donné à tout le monde fallait croire. Traversant la porte, observant la gente extérieur en charge de la sécurité des lieux, l'un d'eux semblait en avoir après son partenaire. Haussant un sourcil j'observais mon compagnon en me rapprochant un peu plus de lui pour lui faire la discussion à voix basse.

- Vous avez tendance à vous attirer des ennuis, dites-moi ? Un sourire presque complice et remplit de curiosité se glissa sur les lèvres pulpeuse de la princesse.

Angie était du genre à s'attirer des ennuies, mais de les chercher également. Ce n'était pas un enfant modèle et sage comme l'aurait peut-être souhaité tout parent d'une certaine monarchie.

- Où êtes vous constamment foudroyez par les regards de la gente masculine. Lui dit-elle tout en regardant droit devant elle.

La jeune Legna n'était pas bête non plus, elle savait reconnaître les belles choses et faire des liens. 2+2 font 4. Elle aurait menti de dire que l'aîné des Elensar n'était pas charmant et bien plus encore. Lui même ne s'en était pas caché d'une certaine manière. Bien que cet observation vint questionner l'angelot. Son attitude était-elle universel, un peu du genre passe partout ? Une pensée qui la dégouta presque, relâchant prestement le bras de l'homme. Le geste aurait pu être douteux si ça n'aurait pas été qu'ils étaient arrivés devant les portes de la salle à manger.

Sa compagne du soir le guida dehors, estimant qu’elle était prête pour un dîner des plus formels, et, potentiellement, des plus longs. Plutôt déterminé à subir cette peine de son côté également, Night regardait droit devant, sans prêter grande attention à ce qui l’entourait. A tel point, qu’Angiela dû se pencher à son oreille pour lui glisser discrètement une information qu’il n’avait pas remarquée.

« Vous avez tendance à vous attirer des ennuis dites-moi ? Ou êtes-vous constamment foudroyé par les regards de la gent masculine ? demanda-t-elle en faisant allusion aux éclairs sortant des globes oculaires de l’un des deux gardes. Le plus baraqué qu’il avait osé taquiner il y a quelques minutes...

Le loup ne daigna pas répondre à cet appel silencieux du grand gaillard en armure...et pour cause ! Il était passé à autre chose à peine avait-il franchi le chambranle de la porte pour rejoindre Angiela ! Il resta donc de marbre, sans même un coup d’œil curieux. En revanche, il consentit à se prononcer sur les propos de la jeune Legna. Il s’apprêta à y répondre immédiatement mais à l’approche - plutôt rapide - des portes menant à la salle dînatoire, l’étreinte autour de son bras se desserra brusquement. Il retint un grognement car la proximité qu’ils s’étaient innocemment forgée ne lui déplaisait pas. Par ailleurs, ce changement de posture ne faisait que confirmer ce qu’il déclarait tout à l’heure : la cadette royale manquait cruellement d’assurance. Quelque peu irrité par ce constat, le loup s’empara de la main blanche de sa partenaire et la replaça là où elle se trouvait auparavant. Fermement, mais avec délicatesse. Il ne s’agissait pas de lui faire mal. Simplement de signifier que tout allait bien. Et au cas où elle aurait voulu faire une remarque, il embraya de suite :

- Malheureusement pour votre frère, je n’ai pas une attitude de diplomate.

Il se mit à rire de bon cœur - toutefois pas assez fort pour que les personnes dans la salle attenante ne l’entende. Il redevint sérieux, gardant tout de même un sourire en coin sur ses lèvres, avant de reprendre.

- La provocation est une forme d’opportunisme sur bien des aspects. Voilà pourquoi je suis davantage prompt à chercher moi-même les ennuis qu’à les trouver... Quant à mes relations avec mes compatriotes masculins, elles sont bien moins ambiguë qu’avec les femmes. Ce qui est, au final, à l’image des deux sexes. Simple. Compliqué. Superficiel. Profond. pensa-t-il dans un élan de féminisme relatif.

Traduction : soit ils ne le supportaient pas pour sa - disons-le comme c’est - grande gueule d’irresponsable, soit ils l’appréciaient pour son humour et son sens de la camaraderie, rarement les deux en même temps !
Officiellement arrivés à la frontière entre le corridor et la salle à manger, Night n’osa pas tendre la main pour ouvrir la porte et retourner dans cette cage dorée de convenances... Il avait eu le « privilège » d’y goûter toute la journée, cela suffisait : voilà son premier véritable caprice de la soirée.
Il tourna alors soudainement la tête vers la jeune fille aux cheveux argentés.

- ...Que diriez-vous de passer la nuit avec moi ? lança-t-il de but en blanc.

Après tout, s’ils franchissaient cette limite, ni l’un ni l’autre ne pourrait discuter à cœur ouvert. Non pas qu’il en ressentait un besoin pressant, il serait en mesure de se tenir si elle refusait, mais son désir de liberté était incontrôlable. Rester digne et sérieux devant le Roi et quelques-uns de ses sous-fifres n’offrait rien de cela, si ce n’est de manger au rythme de discussions politco-religieuses ou, au mieux, de mondanités vues et revues. Night avait prêté allégeance à la famille royale aujourd’hui : il n’en connaissait pourtant qu’un seul membre. Or, le deuxième, mal à l’aise dans sa tenue et dans son environnement, ne pourrait pas être décontracté et répondre à ses questions entouré d’oreilles peu avares de ce genre d’échanges.

- Je veux dire, abandonner discrètement ce dîner et aller dans une taverne incognito. Ou aller piquer de la nourriture dans les cuisines et nous cacher on ne sait où ! » précisa-t-il, conscient que sa question pouvait être à double sens.

La paperasse et les affaires étaient réglées, ce petit écart de comportement ne serait reproché ni à l’un ni à l’autre : en cas de remontrances, il suffirait de plaider la fatigue ou le malaise fulgurant au point de ne pas avoir pu prévenir qui que ce soit ! Zamatry sera bien en mesure de s’occuper des convives et de laisser deux grands gamins faire mumuse de leur côté plutôt que de plomber l'ambiance en boudant le dîner. Son seul remord si elle acceptait sa proposition ? S'être acharné à la saucissonner pour rien !

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