[ RP Ouvert ] Réflexion et préparation...

Night était d’humeur contrariée. Ses questions n’avaient pas trouvées de réponses. S’il ne pouvait s’en remettre à Dieu et à sa propre introspection, peut-être devait-il s’en référer à la science et au savoir ? Le grand brun s’était levé très tard ce jour-là car il n’avait pas cours. Sous la douche il avait pris la décision de passer l’après-midi à la bibliothèque du campus. Cela l’inspirerait peut-être pour ces affaires de meurtres et aussi pour son prochain face à face avec un groupe d’étudiants. Il n’avait bu qu’un café (à l’heure où les personnes normalement constituées prenaient leur déjeuner) et était parti à pied comme un humain ordinairement banal, le visage inexpressif. En chemin, ce qui gâcha son état de zénitude (ou flemmitude) apparent étaient ces murmures agaçants de certains badauds qui décrivaient avec stupeur une scène surprenante en plein centre-ville.
Attentif, Night ne mit pas longtemps à faire le lien entre le nouveau professeur et certainement une jeune femme au caractère bien trempé. Il était curieux de savoir comment cela c’était soldé... Stupide ! Il se prit vaguement la tête dans une main, exaspéré et quelque peu décontenancé : comment pouvait-on prétendre agir dans l’intérêt de ces idiots de mortels, soit disant en toute discrétion, et s’amuser ensuite à faire du grabuge sous l’œil affolé des citadins ?! Il soupira. Cela allait encore attirer des ennuis à Elfs-School. Ce n’est pas comme si les créatures magiques étaient dotées de l’appareil effaceur de mémoire comme dans Men In Black ! Le loup ne gérait plus l’établissement mais il avait pesté durant tout le trajet, se demandant s’il devait redéfinir le mot « discrétion » ou se montrer beaucoup plus autoritaire.

A présent, il était assis à cette table en bois massif, perpendiculaire à une immense fenêtre qui, par temps ensoleillé, offrait une luminosité extraordinaire à la bibliothèque. Aujourd’hui, il pleuvait et le ciel était d’un gris foncé - la météo n’avait pourtant pas prévu d’orage ? Les grandes gouttes d’eau s’abattaient avec douceur contre le carreau, mais suffisamment violemment pour produire quelques bruits de cliquetis pouvant très vite devenir incommodants pour qui n’était pas apte à se concentrer.
Sur la table, le loup avait déjà sorti de quoi écrire et ouvert plusieurs manuels. Commencer par travailler son cours l’aiderait peut-être à se détendre. Cette supposition aurait presque pu marcher si l’inspiration ne lui avait pas manqué. L’endroit semblait désert, en prime. Quelle tristesse. Il regarda en contrebas, jetant son regard par la fenêtre. Un petit souvenir se glissa subrepticement entre deux pensées sérieuses et voilà qu’un sourire en coin, accompagné d’un air niais, se faufila sur son visage.
Une petite lueur d’espoir venait de naître : il fallait se bouger un peu. Si la bibliothèque était à lui tout seul, rien ne l’empêchait de flâner entre les rayons pendant des heures et des heures ! Le stylo qui tournoyait entre ses longs doigts fins s’écrasa contre ses feuilles de papier.

Night se leva. Vêtu d’une chemise à carreaux et d’un t-shirt imprimé, on aurait encore une fois pu le prendre pour un étudiant. Encore que, si on y pense, les professeurs ne sont que des éternels élèves. Ils ne quittent jamais la scolarité et apprennent tous les jours. D’un pas décontracté, il se faufila à travers les allées d’étagères. Cherchant de quoi se mettre sous la dent, sans but précis. Il fallait simplement que son esprit soit détendu pour retrouver l’envie. Il effleura les tranches des livres et s’arrêta sur une surface plus rugueuse. En cuir rouge. Il s’empara de l’ouvrage, l’ouvrit et constata que le hasard faisait bien les choses - à moins que ce ne fut son inconscient ? - : Anatomie des Dragons et autres créatures reptiliennes de la mythologie. Il le feuilleta en fronçant les sourcils. Il ne s’était jamais penché sur ce type de créatures...ni de près, ni de loin. D’ailleurs, personne ici n’en savait vraiment grand-chose. L’arrivée de son camarade Electonse titilla sa curiosité.

Hmm...

« A trop surveiller nos ennemis, on oublie d’en surveiller nos amis. » disait-on. Le jeune homme se plongea dans la lecture et observa les planches médicales qui défilaient sous ses yeux. Par moment, il daignait lâcher le livre pour passer une main dans les mèches rebelles qui le gênaient. Au fur et à mesure qu’il tournait les pages, il apprenait quelques caractéristiques au sujet de ces lézards ailés géants. Notamment : la cuirasse d’écailles impénétrables de l’animal légendaire ne l’était pas complètement. Mieux encore, leur faiblesse se situait pile poil au même endroit que celui des autres. Ce petit détail permettrait au loup de prendre des mesures drastiques en cas de débordements. Le Conseil aura beau envoyer des émissaires, il était absolument hors de question de jeter de l’huile sur le feu avec un comportement beaucoup trop excessif. Intrigué, le professeur regarda autour de lui. Il prit brièvement conscience qu’être suspicieux vis-à-vis de ses collègues n’était pas ce qu’il y a de plus amical. Ne voyant personne - à croire que le campus n’accueillait AUCUN élève SERIEUX - il jeta un coup d’œil sur la couverture du document.

Tu viens peut-être de me donner une idée pour mon cours... souffla-t-il.

Le lycanthrope planqua tout attribut permettant d’identifier le livre et/ou ses éventuelles intentions en le tenant de manière non-chalante, dans sa main, contre le haut de sa cuisse, et se dirigea en sifflotant vers les rangées d’œuvres littéraires...